dimanche 12 février 2017

Ultra Trail du Mont Blanc - 26-17-28 Août 2016






Dossard 877 au rapport !

Fin août 2016, lieu de villégiature : Chamonix. Température : chaud, trop chaud diront certains...Les badauds déambulent dans les ruelles, une semaine, une ambiance, une grande pièce de théâtre...Plus de 80 nationalités sont représentées pour participer à l'un des événements majeur mondial du trail.
La Mecque du trail, quelques pros mais beaucoup d'amateurs, les clichés vont bon train mais qu'importe, l'organisation est à la hauteur de l'événement, les bénévoles ont le sourire, nous sommes très bien installés dans un chalet cosy, la montagne est à la fête !

Certaines célébrations ont déjà commencées.
La PTL a ouvert le bal "Petite Trotte à Léon" (290 km et 26500 m de D+), quand on aime...
Notre tour viendra, vendredi 18h. Cela nous laisse quelques jours de détente dans la vallée entre sieste, terrasse, errance et baptême de parapente. Cyril nous rejoint le jeudi, les patu également,
Claudine et Michel sont venus en supporters cette année après de nombreuses participations à leur actif.

Vendredi 18, que la fête commence !


Nous partîmes deux mille cinq cent cinquante quatre mais par un prompt renfort
Nous nous vîmes mille quatre cent soixante huit en arrivant au port,
Tant, à nous voir marcher avec un tel visage,
Les plus épouvantés reprenaient de courage !

Plusieurs mois après avoir terminé ce tour du mont blanc, les souvenirs sont encore nombreux et intacts. Voici quelques instants de ces 45 heures et 41mn lors de l'UTMB.

Au début, nul ne saurait rester insensible à cette foule criante dans les ruelles de Chamonix, une traversée surréaliste aux allures d'épopée fantastique sous un soleil rasant.

Petites foulées économes en compagnie de Cyril et Olivier, c'est la prise de conscience, nous y sommes après ces mois de préparation. Les Houches, le Délevret, Saint-Gervais, les Contamines s’enchaînent avec simplicité, prudence, plaisir et retenue. A l'écoute des sensations, de la respiration, peu d'efforts sont concédés en ces contrées reconnues quelques mois plut tôt. Je croise par moment Caro, Claudine et Michel pour mon plus grand plaisir.

La nuit s'est abattue sur les sommets, les frontales sillonnent les sentiers, nous avançons tranquillement avec Olivier, Vincent en mode reporter n'est jamais très loin.
23h, les premières ascensions arrivent : Le refuge de la croix du bonhomme (vieux de 1924 et son histoire à découvrir ici). Un peu plus de 1000m de D+, rien de bien technique, on rentre dans le vif du sujet.

Une fois la haut, il nous faut regagner les Chapieux, toujours dans ma bulle, je descends prudemment et ménage mes quadri, certains dévalent tel des bouquetins affamés. Les torrents du mois de juin se sont asséchés, c'est moins glissant, n’empêche que je me fais une cheville, une belle frayeur mais la douleur ne sera que passagère.

Nous sommes en juin, même lieu, des torrents d'eau s’abattent sur moi. Enfin à l'abris au refuge des chapieux (1554m), une tarte au myrtille plus tard et un soleil renaissant, me voila à l'assaut du col de la Seigne (2516).

Il est 2h30 du matin, une nuit étoilée, la lune éclaire les sommets, j'avance au sein d'un petit groupe joyeux, la pente est douce, le moral excellent, une forme extraordinaire, généreux dans l'effort, c'est grisant, alors je double, redouble et me laisse prendre au jeu. Le plan de course se déroule comme prévu, la remontée fantastique commence !

Il est 15h, le ciel s'est assombrit et lache ses premiers éclairs, ça gronde dans mon dos, la beauté de la nature, je suis seul dans le col de Seigne, direction Courmayeur. Je doute, il faut remonter à plus de 2500m, avec ce temps, je risque de prendre cher. Un refuge sur ma route, parfait ! la journée s’arrêtera ici (Chalet refuge des mottets, 1864m). L'occasion de rencontrer des randonneurs de tous horizons et Christophe, un sympathique belge futur finisher de l'UTMB, un excellent moment.

Samedi matin, 4h54, col de la Seigne, vent frais et température acceptable, déjà 60km de rando.
Direction le col des pyramides calcaires (2563m) que je n'ai pas reconnu en juin, le chemin n'étant pas balisé. La pente s'élève, rapidement, mon cœur s'emballe, la respiration s’accélère, les jambes faiblissent, chaque pas devient combat et ma lucidité m'abandonne, le corps devient incontrôlable. En un instant tout a foutu le camp !


Mais il faut bien avancer dans ce putain de pierrier que je maudis !
Un pas, une pause, j'avance, on me double par paquet, spectateur impuissant errant dans ce pierrier tel un pantin. Le jour se lève et dévoile une immense mer de nuage recouvrant le lac combal. Grandiose, je m'offre un instant de plénitude au refuge Elisabetta, contemplatif. Il reste environ 100km...une paille ;) (mais la voix de Michel me fait écho "ça revient toujours..."), alors je marche, j'avance.
Objectif Courmayeur, retrouver enfin Caro et se refaire la cerise.


Nous longeons le lac combal et son ambiance mystique, depuis plusieurs heures je ne peux rien avaler et boire devient difficile, mon système digestif s'est fait la malle...
Prochaine étape, l’arête du Mont Favre (2417m). Là où je grimpais tempo deux mois plus tôt, en ce samedi matin, les pas sont plus lourds moins précis et pourtant l’émerveillement est toujours la.


8h du matin au sommet, un ravito et sa vue incroyable sur la face sud du Mont Blanc.
Allongé dans l'herbe à la Tom Sawyer, j'en profite, enivré par l'effort, la nuit blanche et l'atmosphère. Je me force à avaler un gel et repars, pas bien loin, mon corps en ayant décidé autrement, le col Checrouit attendra un peu... Je vomis sous les yeux d'autres coureurs bienveillants (Ca va, ca va...tu parles ouai !!! un sale moment à passer, et je repars à l'assaut de Courmayeur !

Courmayeur se profile enfin après son intermiiiiiiiiiiinaaaaaaaable descente...Il est 9h48, premier objectif atteint ! La salle des retrouvailles a des allures de camp de réfugiés, la fête a bel et bien commencé !


Allongé dans un piteux état, je continue de vomir. Ma chérie prend soin de moi, je me laisse aller. Une heure passe, je fais un saut à l'infirmerie. Un motilium plus tard, un plat de pasta et quelques mots de Caro ont suffit à me remettre sur pied. Il est 11h50, Courmayeur est derrière moi, l'aventure continue. Dehors c'est la fournaise ! Une nouvelle journée commence le sourire aux lèvres direction le refuge de Bertone (1979m). L'enjeu devient différent, étant passé à coté de mes objectifs de temps, l'heure est à ballade.

La montée en forêt clairsemée est un vrai plaisir car ça cogne sévère au dessus ! 13h20 au refuge, ambiance italienne garantie et vue incroyable.



Les souvenirs de la CCC remontent et je prends un pur plaisir à dévaler ces pâturages. Le moral est excellent, la force tranquille est en marche.



15h05 - Refuge Bonatti, l'un de mes lieux préférés sur ce parcours par le point de vue qu'il offre sur le Mont Blanc et son sentiment de proximité. Toujours contemplatif et émerveillé, dans un état de trans, entre épuisement et somnolence, hagard. Caro m'a informé qu'Olivier n'était pas bien loin, alors j'attends. Le patu des montagnes pointe son nez, l'air fatigué. Ca fait du bien de croiser les copains !
On fait un rapide bilan de notre état, on échange quelques conneries.
J'ai sommeil et m'effondre sans sommation à même le béton sur la terrasse du refuge tandis qu'Olivier reprend la route. 20mn plus tard, le réveil sonne, allongé au soleil, au paradis ? où suis-je ? face au Mont Blanc, faites que le rêve continue...


Je reprends conscience, l'horloge tourne, il faut y retourner, cette micro sieste m'a remis d'aplomb et je repars jambes légères avec un petit groupe à l'allure raisonnable.


Arnuva, 17h17. Peu de marge sur la barrière horaire, ravito éclair. En route pour l'ascension du Grand Col Ferret (2525m).


J’emboîte le pas régulier de deux nanas, efficace ! Presque 2h de montée tranquilou. Vincent, au sommet me donne quelques infos sur son frère. Suit une longue descente vers la fouly en passant par les alpages de la peule. L'heure est à l'euphorie, on dévale avec deux autres coureurs et après plus de 10h, je retrouve Caro ! Il est 20h15,  l'extase, on cours 15 bonnes minutes tous les deux vers le ravito. C'est aussi l'aventure pour Caro qui nous suit depuis le début...

Moment de relâchement complet, la température a baissé, grelottant, fatigué, la pluie qui s'invite, l'orage approchant et ses éclairs au loin, et s'il était plus simple de rester ici d'attendre que la barrière horaire me dégage ? Le plaisir est encore la mais l'épuisement fait son travaille de sape...


Un coup de fil à mon père, des encouragements de copains, didou notamment, le moral revient ! Cyril est à 45mn, je vais l'attendre et advienne que pourra. Le voila! pas pressé pour deux sous...
Nous repartons sous l'orage quasiment seuls, en mode rando, c'est cool de partager un bout de chemin ensemble. Toujours impossible d'avaler quoi que ce soit ni même de boire, les forces s'amenuisent, Cyril me traîne dans les montées et je vomis à nouveau mais paradoxalement, le plaisir est toujours la.

1h21, Champex-Lac.


Première étape de cette nouvelle aventure. Caro est la, je fais un mini som' de 10mn.
Elle a retrouvé des motilium dans ses poches. Ca pourrait servir...J'en avale un.


Nous repartons à l'assaut de Bovine. Je préfère laisser filer Cyril et faire la montée à mon rythme. Ah bovine, chère bovine, tant redoutée, j'avais une revanche à prendre sur cette portion du parcours...plus d'info ici. Bien calé dans un petit groupe, en silence, dans la nuit, nous grimpons doucement mais sereinement. Le mec derrière finit par craquer en hurlant (IT'S ENOUGGHHHHHH !!!), il fait beaucoup plus froid, c'est long, très long, parfois vous pensez que c'en est finit mais non, il faut continuer de grimper encore et encore dans la nuit, sans relâche, régulier, la fin n'est jamais bien loin mais jamais très proche, elle se mérite, pour moi, l'un des moments les plus intenses de cet UTMB.

J'arrive à la Giète vers 5h du matin pour amorcer la descente sur Trient. Un peu technique avec son lot de racines, seul avec ma frontale faiblarde, accompagné d'hallucinations dans la nuit, un pur moment de bonheur.

6h, je retrouve Cyril juste avant le ravito de Trient (petite commune suisse du canton du valais à laquelle je porte une attention particulière car j'y avais déposé les armes en 2012.) Un mec hagard cherche son sac alors qu'il l'a sur les épaules...d'autres se sont perdus en forêt, tout est normal...

Les nausées sont passées, j'ai une faim de loup ! Le système digestif s'est remis en marche, que le festin commence ! On a décidé avec Cyril de "jouer" avec les barrières horaires en se gardant une petite marge d'une heure. A cet instant, les forces sont revenues, le jour se lève une deuxième fois pendant la course, nous irons au bout, ensemble. Il nous reste 30km...


Nous remontons vers Catogne (2034), l'humeur est au beau fixe ! Retour en France !

10h - Vallorcine


Et ohh !! c'est pas l'heure de dormir la !


La rando continue, direction la tête au vent...Un autre de mes passages préférés pour son panorama sur l'aiguille verte et toute la chaîne du Mont Blanc. J'avais reconnu cette montée en juin et connaissais l'ultime difficulté. 13h18 à 2127m d'altitude, profitons encore car l'aventure va prendre fin d'ici quelques heures... Nous regagnons la Flégère et retrouvons Claudine, Michel et Aurore pour notre plus grand plaisir. Il reste 7 km pour regagner Chamonix, Claudine nous accompagnera durant cette descente aux allures de trail familial du dimanche. Caro immortalisera notre retour.


Un déferlement d'émotions, de satisfaction, d'humilité et de fierté lors de ces derniers mètres.




L'aventure fût belle, intense, tantôt euphorique, parfois déroutante avec son lot de surprises, d'inconnues, de rebondissements, de rencontres, autant d'émotions ne peut que nourrir l'âme d'un sentiment de bonheur.

Des remerciements pour l'organisation au top, les nombreux bénévoles, les Patu, Michel, Aurore, Claudine, Cyril avec qui j'aurai partagé 18h de course et 60km...à tous ceux qui m'ont suivi de près ou de loin et surtout à mon inconditionnelle Caro sans qui cela n'aurait été possible.
Bravo à Olivier pour avoir terminé en 43h21 !



Que la fête continue ! la PTL ça vous parle ???
Il faut oser en tout genre, mais la difficulté, c'est d'oser avec sagesse. B.Fontenelle 








1 commentaire:

  1. Excellent Race Report! Je m'y croirais... ;) Marrant de voir qu'on a pris cher aux mêmes moments. Reste à faire avec Cyril la PTL maintenant pour faire la totale!!!

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