samedi 9 mai 2015

100 heures de Jeûne...Mais pourquoi !

Après plusieurs tentatives infructueuses mises à mal par un intarissable appétit, un entrainement trop conséquent ou encore une décision trop hâtive, il fallait se rendre à l'évidence, Jeûner n'était pas un acte anodin !

Je dirais très volontiers que ce fût d'abord le challenge qui me séduisait mais j'avais également envie d'expérimenter le sujet de l'intérieur. Le spirituel contre le charnel...

Nullement question d'en faire l'apologie ou au contraire sa condamnation, après avoir lu pléthore de documentations et d'articles sur le jeûne, j'avais une vague idée des heures à venir...
Pratique "vieille comme le monde" aux aspects divers, culture, religion, époque, à chacun son art de jeûner.

Dimanche 26 avril, 22h, dernière gorgée d'infusion...peut être la savourais-je un peu plus...
Le compteur s'enclenchait...100 heures, j'imaginais déjà le sablier se délectant de quelques grains.
Les questions fusaient : Allais-je succomber à ces pulsions alimentaires ? L'esprit ne trouverait-il pas une fois de plus un subterfuge pour se délivrer de l’expérience ? La fatigue ne l'emporterait-elle pas ?

A j-2 j'avais pris soin de mesurer quelques variables corporelles comme valeur de référence (Poids, pouls, appétit, fatigue...voir tableau plus bas).

15 jours plus tard, le bilan !
108 heures de jeûne exactement. Une très grande satisfaction d'être enfin parvenu à me contrôler.
Le conditionnement pré-jeûne aura certainement été un facteur déterminant dans la réussite. Ce n'est pas tant le petit-déjeuner qui manquait, ni même le repas du midi, essentiellement remplacé par une promenade à la découverte des ruelles parisiennes mais le repas du soir ! Mon corps réclamait encore et encore sans répit jusqu'à ce que sommeil s'en suive ! Sommeil qui aura été sévèrement perturbé durant ces quelques jours. En cause, la faim ? la fatigue ?

Occuper autrement le temps ordinairement consacré à se nourrir, rompre l'horloge biologique rythmée par les cycles alimentaires me semble très complexe. Il est difficile de s'affranchir de telles habitudes ancrées dans notre organisme.  Est-ce imposé par notre mode de vie ou un invariable naturel ?
Et si la substantifique moelle de l'alimentation résidait dans le plaisir simple d'apporter à son organisme le juste équilibre de ce dont il a besoin peu importe l'heure, la quantité...

Le premier jour était consacré au travail ordinaire ponctué par un footing d'1h20 allure très souple, sans observation particulière. Une faim présente bien entendu accompagnée de doutes quant à l'aboutissement du jeûne.
Le 2 ème jour, encore un footing léger d'1h10. Le corps semble entamer un processus d'adaptation, intelligent on ne la lui fait pas...L'esprit sait être malin, le corps a énormément d'autres ressources...
En effet, concernant le métabolisme, j'ai été surpris de constater la rapidité avec laquelle notre corps s'adapte. En seulement 60h, je pouvais déjà ressentir un ralentissement général de mes activités motrices et une faculté de concentration modifiée, plus accrue par activité cérébrale. Ce qui me semblait paradoxal. Plus d'efficacité pour moins de possibilité de traitements...(A méditer)

Les footings souples en parallèle prenaient une saveur particulière. J'étais d'autant plus à l'écoute des signaux corporels. Apparition de subtiles contractures inhabituelles, de vertiges identiques à ceux perçus lors des longs trails et surtout une concentration décuplée, sur les odeurs, les bruits. Ma perception de l'environnement était différente, je redécouvrais mes parcours ordinaires sous un autre angle...Fascinant !

Mon rythme cardiaque a chuté. D'ordinaire à 40, je l'ai mesuré à 31 en plein après midi et à 36 le matin. Une fatigue générale s'est imposée insidieusement, pas nerveuse, quasi assommante. La prise de 30g de Sulfate de Magnésium (sel d'Epsom) le mercredi (3ème jour) a continué le travail. Sa capacité à dilater les canaux excrétoires est sans faille...L'effet de lavement est impressionnant d'efficacité..

4ème jour, c'est le départ pour un long week end dans le Sud, et cela me convient car 7 heures de voiture nous occuperont suffisamment... Le plus dur est derrière nous mais les pulsions alimentaires sont toujours la et la capacité d'abandon aussi. Néanmoins à quelques heures de la dernière nuit, impossible de succomber !

Au niveau du poids, pas de surprise, la perte quotidienne était évidente. La question était plutôt de comprendre ce que je perdais. De l'eau ? certainement pas vu les litres engloutis, alors quoi ?
Une étude évoque une perte répartie en 60% de graisse, 20% de muscle, 8% pour la peau, 5% pour le sang, et 2% autres (coeurs, cerveaux). Il serait intéressant de vérifier cela par scanner. Concrètement, j'ai perdu environ 5kg, ce à quoi je m'attendais. En revanche, l'après jeûne a été beaucoup moins bien maîtrisé. 3kg sur 5 ont été repris dans les 2 jours qui ont suivi. Aujourd'hui, j'ai toujours une perte résistante nette de 1kg.

Niveau sportif, j'attaque les séances de côtes inhérentes à la préparation de trail, le mois de Juin étant assez chargé. D'excellentes sensations, les jambes semblent déjà prêtes à en découdre avec des trail de 50+. De la à conclure que c'est lié au jeûne, je ne sais pas.

J-2J-1J1J2J3J4J5
Poids69.869.871.369.468.666.866.1
Rythme cardiaque (réveil)40404040403638
Appétit matin5557656
Appétit midi687859
Appétit soir3781096
Fatigue556887
Activité10km compétFooting 1h20Footing 1h101h 30 de marche2h voiture
Qualité sommeil876339
Irritabilité000500
RemarquesPouls enregistré à 31 à 16h.
Impression que le corps
fonctionne au ralenti
Légère sensation de vertiges
Prise de sulfate
de magnésium
Sérenité
intérieure

Pas de conclusion hâtive !
108 heures durant lesquelles j'ai souvent du lutter face à moi même. La faiblesse et la facilité s'opposant à la maîtrise de soi, la force intérieure et l'abnégation. Satisfait du résultat pour une première, cela ouvre d'autres horizons et d'autres capacités à développer. Une sensation de légèreté, un confort corporel indéniable, une adaptation du métabolisme bien palpable, une concentration surprenante en contrepartie d'un corps au ralenti.
Il faudra sans doute réitérer l’expérience afin d'en découvrir un peu plus sur le sujet...

vendredi 8 mai 2015

10 km du bois de Boulogne - 26/04/2015


Un échec cuisant...

C'était LE premier objectif de l'année ! Après les 35'50 de la corrida d'Issy fin 2014, j'avais bon espoir de casser la barre des 35.

Après avoir sélectionné ce programme http://www.lepape-info.com/entrainement/plan-entrainement-10-km-en-32-mn-6-seances-par-semaine/ en l'adaptant à mon niveau j'entamais 12 semaines chargées ! Avec du recul il y avait bien trop de séances "au seuil" à mon goût...
Qu'importe, en bon petit soldat, j'avais fait le job.

Caro en parallèle faisait ses gammes sereinement avec l'envie de faire mieux que l'an passé (1h01).

J-1, mentalement, je ne me sens pas aussi prêt que d'habitude, peut être me suis-trop mis la pression. Tout est prétexte à la dévalorisation.
Poids de forme non atteint, chaussures en piteuse état, fatigue générale liée à la prépa, quelques cocktails de trop la semaine, autant de détails qui me hanteront durant l'effort... Je me sens presque déjà vaincu.

Jour J : réveil 8h pour un départ à 10h. Intérieurement je sais bien que c'est trop tard. Je ne peux m’empêcher de repenser au conseil de Jérôme quelques années plus tôt à Embrun. (le repas c'est 3h avant minimum !).

Le départ est en lieu familier et nous nous y rendons en trottinant. Bon dieu que nous sommes nombreux ! 4500 annoncés, 3697 finishers.  Heureusement,  j'ai réussi à me dégoter un dossard en sas préférentiel la veille.
9h55, je suis au 2ème rang avec les cadors...

PAN !
Les 2-3 premiers kilo se font sur la base de 3'15 je pense. Fidèle à mon absence de montre, pour une fois elle me manquera. L'allure ne s'improvise pas dans ces conditions et les questions défilent...Là où il ne devrait y avoir de place que pour la concentration, je suis parasité par le poids des détails accumulés par ma conscience et c'est mauvais !

Parti certainement trop vite, des coureurs embrayent ma foulée et me dépose un à un... L'agacement du début cède rapidement la place à la résignation. Parfois je tente de m'accrocher, vainement, rapidement la corde mentale lâche.

37'25" au compteur pour une 44ème place. Une contre perf' propice à la remise en question. D'autres axes d'amélioration doivent être explorés...Respiration, étirements, alimentation, résistance à la douleur...
Une course mal négociée de bout en bout et peu de plaisir au final. Le seul vrai bonheur viendra du sourire de Caro qui aura plus que largement atteint son objectif. 53'47", une sacrée belle progression !

PS : renforcé mentalement par l'épreuve, c'est le moment d'entamer le jeûne auquel nous pensons depuis plusieurs mois. 100h sans manger...cap ???