samedi 14 juillet 2018

Trail Verbier Saint Bernard - X alpine 111k 07/07/2018





Dans la série ultra...le Trail X alpine n'est pas mal non plus. Déjà sur le papier c'était...louche, j'aurai du me douter qu'il y avait un loup...

Après un long périple nocturne en Flixbus (Paris - Berne - Martigny), une courte sieste au airbnb d'Ana (MERCI pour son accueil), un retrait des dossards au chable, un autre bus direction Verbier...nous sommes vendredi soir, il est 20h et je mange seul comme une pierre, vue sur la montagne, lumière rasante...Enfin, je peux respirer et profiter de ce repas et même d'une courte nuit de quelques heures dans un espace aménagé non loin du départ.

Verbier, place de l'ermitage, 1h du mat' samedi 07 Juillet, température clémente, ciel étoilé, j’émerge tout juste de ma nuit, en traditionnelle tenue du trailer nocturne...
C'est la 10ème édition de ce trail décliné en plusieurs formats (111, 73, 43, 29)


L'organisation a mis en place deux départs (environ 300 coureurs à 1h et 150 à 4h pour des temps estimés < 26h30).

Avant le départ, séquence émotion avec des citations de Chrissie Wellington et Rudyard Kipling.

Compte à rebours, le départ est donné.

Calé dans le peloton, on attaque rapidement la première montée en forêt sans difficulté vers Château (1760m, 300D+), les sensations ne sont pas terribles, je suis encore allongé paisiblement sur mon matelas...C'est tendu et raide comme un bâton (que je n'ai pas d'ailleurs) que j'attaque cette première descente où les racines sont légion. M
a frontale éclaire aussi bien qu'une dynamo de vélib mal réglée...
Autant dire, ce début de course annonce rien de fabuleux, mais l’expérience m'a appris à rester patient, à prendre le temps de m'évader intérieurement à laisser faire, et tôt ou tard, l'appétit viendra.

Alors je patiente paisiblement que le soleil pointe son nez et que l'envie revienne. Et ce fut le cas dans la montée vers Catogne. Un spectacle dont je ne me lasse pas, inutile de le décrire, mettez un réveil aux aurores et grimper pour admirer.








Catogne (22,6km, 2549m, 4h58 de course, 318ème). La fin se fait dans les pierriers où quelques bénévoles ont allumé un feu au sommet, ambiance...

La suite mérite aussi que l’on s’y penche, m’enfin pas trop, car si vous avez le vertige, vous ne serez pas déçu...une descente dans un pierrier technique et trop raide pour mettre un Normand à l’aise pendant qu'un bouquetin "surfeur" nous montre la bonne technique...tout un art.

Après 1h30 de descente où des caravanes de coureurs me dépassent, j'arrive à Champex (1463m)

Seconde grande ascension direction la cabane d'Orny (km 35,3 - 2826m) par le col de la Breya. 3h30 de montée avec quelques pauses bien méritées pour arriver à un point de vue magnifique.






Je suis légèrement dans le rouge et commence à réaliser l'ampleur du chantier...30 minutes de pause salvatrice et c'est reparti en direction de la Fouly en commençant par une longue descente (1500D-) et une petite remontée. J'ai retrouvé des forces, de l'appétit et de l'envie, un vrai bonheur. Après 13h26 de course, la Fouly (km49.5 / 1584m) !

3ème ascension, le col fenêtre en plein cagnard (km 61 / 2711m). Je commence à couiner dès que l'on dépasse les 2500m. 









Il est 18h20, je suis un peu carbo et le passage du grand Saint Bernard ressemble à un long chemin de croix, moment éprouvant si bien que chaque pas nécessite un effort considérable...d'ailleurs j'ai plus de jus alors j'en profite pour prendre une longue pause contemplative autour des lacs en admirant le paysage. J'imagine revenir ici plus tard et bivouaquer, ce serait parfait !




J'avance tel un âne résigné et arrive au col Fenêtre le cœur dans la bouche, des bénévoles m'offrent un thé dans un coin à l'abris le temps de reprendre mes esprits...(314ème, 18h07 de course). En discutant avec eux, je prends conscience que je risque de sauter à la prochaine barrière horaire...
C'est assez fascinant à quel point l’énergie peut revenir dans ce cas. 15mn plus tard, j'entame une descente euphorique vers le col du grand Saint Bernard en espérant passer dans les délais ! 
Au final, mon manque de lucidité m'a trompé sur l’heure de la barrière horaire et j'ai bien plus de temps qu'il n'en faut. Les chances de rallier l’arrivée sont bonnes, alors j'en profite pour dévaliser le ravito (biscuits salées, fromage, chocolat, sandwich, thé chaud dans les gourdes, sirop de menthe) un véritable festin ! et un moral au top.
S'en suit une remontée épique dans les pierriers avec la Hargne au ventre !!! 2h30 de descente pour rejoindre Bourg St Pierre. Il est 21h55 (km 78, 1614m, 60 places gagnées). 50mn de pause pour manger un bon repas complet et faire une micro sieste. J'ai retrouvé une forme Olympique. J'irai au bout ! J'irai au bout !

La nuit est tombée, je poursuis l'effort en direction du col des Mille et sympathise avec Van, un vietnamien vivant à Paris qui prépare le Thor des géants. On fait un bon bout de chemin ensemble et la montée passe tranquillement. (km 90, 2473m, 25h11 de course).

J'entame l'intermiiiiiinaaaaaable descente en lacet avec un autre gars. L'une de mes frontales s’éteint sans prévenir et l'autre éclaire toujours aussi mal, la torche de l'iphone fera le job et nous continuons en refaisant le monde...Il est 6h du mat' lorsque nous arrivons à Lourtier (km 102) après avoir zigzagé sur le bitume. Ce passage a mis mes nerfs à rude épreuve, j'étais littéralement au bord de l'explosion...
J'ai une faim de loup et dévalise le ravito. Nous sommes à 10km de l'arrivée mais c'est encore si loin...Le jour se lève, nous repartons ensemble à l'assaut de l'ultime montée...

Si vous décidez de faire cette course, vous entendrez probablement parler du "mur de la fin", un mythe à la hauteur de sa réputation (surtout sans les bâtons), je n'en dis pas plus et vous laisse le découvrir par vous même... Quant à la dernière descente, c'est dans la douleur qu'elle se fera...

Toujours est-il qu'après 32h30 je déambule au petit matin sourire aux lèvres dans les rues de Verbier, sous les applaudissements des badauds en terrasse. Un beau moment mémorable.

En résumé, 114,5km / 8400 D+ sur un parcours exigeant et assez technique, 2 nuits blanches, 0mn de sommeil, des quadris  incandescents, de nombreuses douches dans les torrents, des rencontres sympas, des litres de thé et de bouillon engloutis, 2-3 plaques de chocolat, des gels en veux tu en voila, environ 2 bons gros fromages, des dizaines de biscuits, une baguette de pain, un grand plat de spaghetti bolo, un gros bol de riz au lait, et beaucoup de plaisir !

https://tvsb.livetrail.net/coureur.php?rech=80





A bientôt sur l'UTB !